Tariq Ramadan rencontre Alain Soral et Dieudonné
Tariq Ramadan s'explique :
"
J’étais présent au 26ème congrès de
l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), les samedi
et dimanche 11 et 12 avril 2009. J’ai rencontré le public
et signé des livres à l’un des stands.
Alors
que je signais des ouvrages, Dieudonné et Alain Soral sont
passés devant le stand : ils se sont arrêtés et
nous avons eu un échange de quelques minutes. Beaucoup de
personnes présentes m’ont reproché de les avoir
salués alors qu’il y avait des caméras et des
appareils photos qui les accompagnaient et qui « immortalisaient
» cette rencontre comme d’autres pendant la durée du
congrès. Au moment de notre rencontre, je ne savais pas, au
demeurant, que Dieudonné et Soral avaient choisi le
congrès du Bourget pour lancer la campagne européenne du
« Parti antisioniste ».
Il
importe ici de clarifier les choses. J’ai défendu, et je
continuerai à défendre, le droit de Dieudonné
à s’exprimer. En 2005, j’ai dit et
répété publiquement que l’on ne pouvait pas
accuser Dieudonné d’antisémitisme alors que,
procès après procès, il était blanchi de
ces accusations. Ma position, il y a quatre ans déjà,
était claire déjà : je n’étais pas
d’accord ni avec le contenu ni avec la forme de certaines
interventions de Dieudonné mais je m’opposais – et
je m’oppose aujourd’hui encore – à toute forme
de diabolisation qui empêcherait le débat et la
confrontation d’idées. A tous ceux qui me reprochent de
rencontrer Dieudonné et Soral (samedi dernier ou auparavant), je
réponds que, sur le plan des idées, le rejet,
l’ostracisme et la mise au ban définitive ne font pas
partie de ma philosophie et de ma compréhension du débat
démocratique.
Je
refuse néanmoins de la même façon les potentielles
instrumentalisations de ma personne ou de ma pensée. J’ai
dit et répété que rien, jamais, ne peut justifier
un rapprochement avec l’extrême droite dont
l’idéologie et les projets politiques sont à
l’antithèse de ce que je défends. Je l’avais
dit à des militants d’extrême droite comme à
Marine Le Pen. Lors de notre courte rencontre au Bourget, c’est
ce que j’ai dit et répété à
Dieudonné et à Soral. Je n’adhère pas
à cette stratégie et je ne partage pas (et ne partagerai
jamais) ce type d’alliances politiques quelles que soient les
circonstances et les conditions. Je ne crois pas, par ailleurs, que le
fait d’être « antisioniste » suffise à
déterminer le programme d’un parti à
l’échelle de l’Europe : ma critique de la politique
de l’Etat d’Israël est ferme, et connue, et elle
s’inscrit dans une vision large et cohérente du respect
des droits et de la dignité des peuples.
Entre
la diabolisation et l’instrumentalisation potentielles des uns et
des autres, ma position reste claire : rencontrer, écouter,
débattre, critiquer. Cela veut dire refuser les atteintes
(très sélectives) à la liberté
d’expression (et donc défendre le droit de
Dieudonné ou Soral à s’exprimer ou à se
produire en France) mais également m’autoriser des
critiques claires et fermes (et j’espère constructives)
quand les idées et les stratégies défendues me
paraissent inacceptables, ou simplement erronées. "
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